Louis Gille

INTERVIEW DU 25 JANVIER 2022

Par David Haïk – à Luchon (31) France

David Haïk : Comment est née votre vocation ?

Louis Gille : Ma vocation est née avec moi, elle a été le seul réel fil conducteur depuis ma naissance. C’est ma raison de vivre.

Pourquoi vous être tourné vers le dessin dès votre plus jeune âge ?

Je ne sais pas vraiment, mais pourrais supposer avec le temps qu’il s’agissait d’un refuge où pouvoir s’exprimer et mieux se comprendre.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?

Ils sont tout doucement en train de se réaliser pour mon plus grand bonheur : ma vie commence à retrouver un sens.

Vous rappelez-vous comment est né votre intérêt pour l’art ?

Ma mère m’a souvent répété cette anecdote où à l’âge de cinq ans, (époque où je n’arrêtais pas de feuilleter des livres d’art), je lui aurais dit que pus tard je voulais être Dali. Je pense que je voulais dire que je souhaitais être un artiste.

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?

Aujourd’hui ce sont mes objectifs et mon avenir, une sorte de foi intérieure également : des choses que je n’ai pas toujours eus.

Quand vous vous regardez dans un miroir, que voyez-vous ?

Je n’arrive pas encore à le regarder vraiment, mais j’y travaille.

Un petit plaisir quotidien ou non ?

Je pourrais répondre la musique : j’ai très souvent mes écouteurs pour pouvoir m’évader.

Votre principal défaut ?

De voir du bon dans tout ce qui existe.

Votre principale qualité ?

De voir du bon dans tout ce qui existe.

Quelle est l’image qui a marqué votre vie ?

Si l’on parle de celle qui m’a le plus marqué je ne dois pas avoir conscience de cette dernière.

Votre plus grand moment ?

J’attends encore un peu avant de parler de grand moment.

Un secret que vous n’avez jamais partagé ?

J’ai la conviction d’être passé de l’autre côté il y a à peu près 5 ans, l’impression que je ne pourrai plus jamais m’autoriser à ressentir certaines choses, de pourrir dans une prison alors que l’on m’offre le paradis chaque jour, alors que j’ai conscience que la vie est la plus belle des offrandes.

L’artiste historique que vous auriez aimé rencontrer ?

Salvador Dali.

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?

Peu importe le cadeau, le fait d’avoir pensé à moi me touche.

Quel est votre instrument préféré ?

Le violon.

Quelles musiques écoutez-vous ?

Cela peut aller des chants grégoriens, aux classiques du 19ème siècle, du rap Français, Américain, jusqu’à de nombreux types de techno ou de black métal (selon l’humeur en vérité).

Vos œuvres musicales préférées ?

Que ce soit en France avec Lomepal, Vald et Orelsan, ou aux USA unis avec XXXtentacion, des œuvres dans lesquelles je me retrouve et me perds à la fois à travers des émotions et des images fortes.

Quel film vous a marqué ?

Shining

Vous souvenez-vous de votre premier livre ?

Cela devait être un livre de Stephen king intitulé « Désolation » si l’on parle de romans et non pas de recueils de petite enfance, dans le cas contraire, il devait sûrement s’agir de contes classiques.

Votre livre préféré ?

Je répondrais à nouveau Shining.

Quelle ville ou lieu a pour vous valeur de mythe et pourquoi ?

Je répondrais le Japon, leur mode de vie est tant marqué par des aspects symboliquement philosophiques, qu’on croirait à une véritable mythologie actuelle : cet endroit m’a toujours fasciné.

Quels peintres attisent votre sensibilité ?

Pour citer les principaux, je dirais : Jérôme Bosch, Edward Munch, Salvador Dali, Keith Haring,  Matthias Grünewald, Francis Bacon et Pablo Picasso.

Quelle voie auriez-vous suivie si vous n’aviez pas été peintre ?

Je n’en ai aucune idée. Je ne me projette que très rarement.

A quoi sert la peinture d’après-vous ?

Me concernant en tout cas elle m’apaise dans un premier temps, me calme, et me fait ressentir de fortes émotions avant d’entrer dans cette transe agréable où je peux m’exprimer de plein cœur. Cependant l’émotion ne vaudrait rien si j’étais seul, alors la peinture doit rencontrer des receveurs pour leur transmettre des émotions qu’eux-mêmes s’approprieront très certainement différemment. J’ai une personnalité, des choix, une langue pour parler, mais si je ne suis pas dans l’art je ne peux pas crier. Pas pleurer, pas m’autoriser quoi que ce soit. J’en ai l’interdiction formelle. Je peux montrer ma vision et dire qui je suis avec du papier. C’est à cela que me sert la peinture.

Pourquoi peignez-vous ?

Pour me libérer.

Que cherchez-vous à transmettre dans votre art ?

Des messages, des choses que je ne peux pas dire mais montrer, mes ressentis. Mon art représente mon être à un moment donné. Peut-être ai-je simplement envie de m’exprimer et d’être entendu, mais je n’arriverai pas à vous dévoiler le fond, ça ne veut pas sortir.

Que pensez-vous transmettre à celui qui regarde vos œuvres ?

Peut-être des idées nouvelles, des souvenirs, mais j’espérerais entendre que mon art fasse office de reflet.

Comment avez-vous eu l’idée d’utiliser vos choix chromatiques ?

Tout simplement en créant un équilibre de couleurs chaudes et froides, parfois en utilisant le cercle chromatique : les couleurs vives ne sont pas ma seule facette. En effet j’utilise une grande quantité de noir toujours présente dans mes tableaux et joue avec les ombres dures aux forts contrastes de lumière souvent blanche. Cet équilibre dans les extrêmes m’est venue assez intuitivement suite à la lecture de certaines bandes dessinées et de certains peintres expressionnistes et surréalistes qui m’ont marqué.

Quelle technique, quel matériel utilisez-vous ?

Je maitrise tout type de matériaux, mais use assez régulièrement de la peinture à l’huile sur toile actuellement. Sinon encre de chine et feutres à alcool pour les dessins.

Qu’est-ce qui vous a séduit particulièrement dans l’huile ?

La saturation agréable du ressort des couleurs et la triste puissance du noir.

Qu’avez-vous retenu de vos séances aux Beaux-Arts ?

Aux Beaux-Arts de Toulouse, on m’a encouragé à m’exprimer considérablement, certes mais la technique a commencé à être apprise au sein de l’atelier Toulousain de Catherine Escudié.

Non aux Beaux Arts, on nous laissait peut-être trop de liberté, même si l’expression reste considérablement un pilier de mon art. Technique et émotions ne sont selon moi rien sans l’autre, cela reste mon avis subjectif.

Quelle qualité appréciez-vous chez un collaborateur ?

Je pense que la confiance serait le maître mot.

Quel est pour vous le meilleur tableau de votre collection ?

J’ai été content de l’histoire que dégageait « Aniel », tant triste que remplie d’espoir. Content du rendu graphique également.

Êtes-vous satisfait de vos réalisations ?

Je dois admettre que la question précédente m’a un peu gêné, car je ne porte pas vraiment de regard sur ce que je fais. C’est interdit.

Que peut-on lire dans vos messages ?

Des vérités, du moins les miennes.

Comment définissez-vous votre style ?

Je dirais comme choquant, mais le terme pourrait être pris dans un ton rassurant, pour ceux qui se sentiront certainement moins seuls, mais peut-être aussi dans un sens plus destructeur : en effet seule la vérité détiendrait de tels pouvoirs : je répète encore une fois qu’il s’agit de ma vision, et que s’il existe UNE vérité, jamais je ne prétendrais la détenir, soyons clairs.

Est-il vrai qu’il y a des messages secrets dans vos tableaux ?

Ils ne sont pas secrets mais il y a des messages oui.

À quoi pensez-vous quand vous peignez ?

Je ne pense pas quand je peins, j’essaye d’éteindre ma tête car je sais ce que mon cœur a à dire. La main s’évade et le tableau se forme.

Comment vous organisez-vous pour peindre ?

Comme beaucoup d’artistes ; par étapes. (esquisse, croquis, première couche de line-up, première couche de peinture, premiers ombrages, augmentation des contrastes, etc…)

Combien de temps mettez-vous pour réaliser un tableau ?

Cela dépend de la taille, mais je dirais trois jours en moyenne.

Avez-vous des thèmes de prédilection ?

Je ne saurais quoi répondre ; la prédilection sous-entendrait que je pense avoir du talent dans un domaine hors ce n’est pas le cas. Ce mode de pensée négatif n’est pas que destructeur au contraire, il m’a toujours poussé à me dépasser et à apprendre chaque jour de nouvelles choses.

Y a-t-il une personne en particulier qui vous a marqué dans votre carrière artistique ?

Pas une seule mais je pourrais vous citer quelques enseignants : Catherine Escudié pour la technique, Leo Martinez pour la culture et Antoine Fournier pour l’expression du trait.

Quel est votre définition de l’art, ou qu’est-ce que l’art pour vous ?

L’art chez moi, fait office de thérapie, d’exutoire. L’art et selon moi une transmission d’émotions interchangeables car nous avons tous une vision et un ressenti différent, c’est ce que je trouve beau.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?

Je ne veux pas me distinguer forcément des autres, je suis sincère, passionné et aujourd’hui motivé par mon avenir, mais vouloir me démarquer pour vouloir me démarquer ou penser quelque chose de moi-même ne semble pas être des options envisageables pour le moment.

Comment définiriez-vous votre approche de la nature ?

Je pense avoir compris que j’étais sensible, et je pense en effet pouvoir le constater en particulier dans la nature. Je m’y sens bien, je peux me retrouver et ne sens pas le vice présent dans les foules de gens de la ville. Je suis peut-être parano, s’il s’agit de ça alors la nature calme également ma folie. Je pense que la nature représente assez bien le divin dans mon univers du moins.

Aujourd’hui, est-ce que vous vivez de votre art ?

Pas encore, mais je suis sur une bonne voie pour en faire mon métier.

Quels sont vos projets ?

Grandir, comprendre, faire de l’art mon métier, m’apaiser. Je dirais surtout trouver cette forme de paix que je recherche.

Vos rêves les plus fous ?

Ne plus souffrir et être apaisé avec les autres. Pouvoir pardonner sans relâche, pouvoir ne plus jamais faire de mal à qui que ce soit de quelle manière que ce soit. Et je dirais même après ma mort, exister encore et toujours aux yeux des gens, pouvoir marquer ces derniers comme Dali l’a fait en créant un tournant décisif dans ma vie dès mes 6 ans.

Quelle est, pour vous, la plus grosse catastrophe qui pourrait se produire ?

Un suicide.

Pour conclure :

Le mot que vous préférez ?

Acceptation

Le mot que vous détestez le plus ?

Abandonner

Une devise à transmettre aux futures générations ?

De trouver son équilibre, de ne pas croire que la normalité existe : chacun est unique, chacun pourrait avoir du cœur. Je prône la paix et pleure quand je vois la violence des uns et du monde. Croyez en vous, faites vous du bien. Et acceptez les moments. Acceptez quand ils sont heureux, quand ils sont tristes. Vivez la tristesse et embrassez le bonheur quand il arrive parce qu’il reviendra : la vie est une roue qui tourne de manière équilibrée : prenez du recul, apprenez à vous connaitre, soyez positifs, optez vers une forme de sagesse et ne cessez jamais de vous écouter : cette vie, elle est à vous.

D’après vous, que manque t-il à notre planète aujourd’hui ?

De l’humanité.

Interview