Louis Gille

Dessinateur et peintre, découvert par David Haïk, agent artistique et présenté par Aline Llareus-Dinier, critique d’art diplômé d’Etat

Lundi 24 janvier 2022 à Luchon

Une satire cruellement lucide d’une société en plein désarrois.

Lorsque l’agent artistique David Haïk m’a montré les dessins et peintures de Louis Gille, j’ai cru qu’ils étaient l’œuvre d’un dessinateur à la longue expérience, d’un observateur aguerri.

Une image mentale est tout de suite venue s’interposer : j’ai songé à la « L’ARGENT » paru dans le magazine satirique « L’assiette au Beurre », numéro 41 du 11 janvier 1902, représenté par František Kupka, peintre tchèque de la fin du XIXe – moitié XXe.

Ce rapprochement concerne le fond et non la forme bien sûr !

Louis Gille n’a pas hésité à mettre en exergue la laideur pour mieux la fustiger, tout en évitant les maladresses d’une vulgarité gratuite : l’image globale restituée, résiste aux formes de critiques qui pourraient lui être adressées au niveau de la technique d’exécution.

LOUIS GILLE PARVIENT A RÉALISER UNE SYNTHÈSE ALLEGORIQUE DE CE QUE L’HOMME REPRÉSENTE QUAND ON FAIT LA SOMME DE SES DÉFAUTS ET DE SES FAIBLESSES.

LOUIS GILLE EST AUSSI UN POÈTE.

La spiritualité, la réflexion qu’il insuffle à ses « re-présentations » sont bien le produit de ses propres constatations : « IL EST LUI-MÊME LA MATIÉRE DE SON ŒUVRE » (comment ne pas songer à la célèbre formule de Montaigne ?).

Les textes qui accompagnent ses dessins forcent l’admiration : non seulement ils respectent les lois de la création poétique, en particulier celles de la prose poétique, mais ils démontrent, par le choix des mots une étonnante, maîtrise de la sémantique : pas d’approximation, pas de glissement ; chacun d’eux peut répondre aux exigences d’une traduction réalisée par des professionnels.

Louis Gille n’a pas choisi la charge* comme moyen d’expression parce qu’elle est redevenue à la mode, il a échappé au psittacisme de certains graphistes contemporains. Il a choisi cette forme d’expression pour gagner en efficacité sans transgresser pour autant les règles de l’Art.

Si les œuvres de Louis Gille, qui n’a que 22 ans, m’ont interpellée avec autant d’insistance, c’est que je me suis posée la question : serions-nous en présence de ce que l’on a eu l’occasion de nommer au cours des siècles précédents : un prodige ?

Je laisse à ceux et celles qui ont les bonnes clés pour entrer dans un monde que nous ne pouvons plus faire semblant de ne pas voir, le soin de trouver la bonne réponse.

 * la différence entre une caricature et un portrait charge, c’est que dans la caricature, on reconnaît le personnage représenté alors que dans le portrait charge, il s’agit de sa fonction. Ce terme a été beaucoup utilisé par les dessinateurs satiriques des siècles derniers et vient de l’Italien caricare qui signifie : charger.

Critique Andreas ALBERTI

2022 – critique par David Haïk

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